en passant par "Filles du Calvaire"...
- Antoine d'Agata, que nous
connaissions d'Arles - restitutions de stages dont il était "maître", exposition
avec "Les amis de Nan Goldin" qui fut son professeur aux
Etats-Unis...
Nous avions lu l'article d'Art Press et
connaissions bien la galerie "Les filles du calvaire" où nous
avions découvert Catherine Poncin, il y a des années....
Et ce 1er jour, hors du vernissage qui motivait le voyage à Paris, l'exposition
d'Agata, ou plutôt, les expositions..
1ère visite et coup de foudre à la galerie pour une
oeuvre qui tire son incroyable force et densité d'une abstractisation du documentaire et de l'émotion escamotés par la force du travail artistique -
tout à fait différent du travail de "La Ronde" de Camboulive, mais un processus
un peu du même ordre.
Là, l'irrésistible distanciation qu'introduisent la lenteur
d'une courbe qui dure, presque horizontale et la froideur insolite d'un bleu
(qui, non, n'est pas celui de la décomposition... Des froids du nord ? De Genêt sur les corps des mousses ? Un bleu tout simplement...)
Et puis en arrivant aux Douches, l'injonction de
Françoise Morin reprise par Sébastien Camboulive : "aller au BAL, voir l'autre
exposition d'Agata".
- Le BAL, 1ère salle, immense, presque vide, une vidéo. De l'écrit, des lignes sur le mur
projetées - ce" liquide organique" noirêtre du dit (cri écrit par un poète?) D'une de ces prostituées dont certaines sont encore enfant. La "mouche dans l'utérus".
Force du texte et manifestes en pile. Le comble de l'aliénation avec la
marchandisation du corps/douleur, et en même temps une expérience de l'extrême, d'un au-delà opposé au spectacle et qui serait pourvoyeuse d'une autre forme de connaissance
?
L'au-delà de... Orphée ? Les larmes, et le rimmel qui coule. Murs de photos
et immersion d'en cette salle du bas, grouillante de photos et d'écritures photographiques où les corps se font textes, où on descend comme aux enfers. S'être immergé
pour pouvoir dire. Beauté paradoxale des images qui hurlent un
univers de souffrances mais aussi de quotidienneté vécue/subie sans autre échappatoire
que la soumission- et un recul/révolte:abri de soi dans/derrière la soumission? Corps déchirés, déformés, tortu(r)és.
C'est l'installation - comme immense
boite dans laquelle se trouve le spectateur cerné, interrogé sinon accusé- qui
par delà la beauté de chaque image, confère cette dimension artistique exposée, sobre et dense, et lisible en tant que telle, au rez-de-chaussée et à l'étage de la galerie "les filles du
calvaire".
Là au BAL, une interrogation sur ce monde, à la suture du
documentaire, de la morale - en tant que discipline philosophique- et de l'art,
sur le statut de l'artiste - cette ambiguité du regard voyeur/artisan qui
rappelle le suicide du photographe de l'enfant-au-vautour africain...
Hurler l'indicible en évitant le charme de
l'horreur, ou la morale du retravail et re-retravail artistique qui n'est pas
affaire de morale mais d'investigation, appréhension, compréhension,
interprétation (?) du monde... Et permet, comme dit Semprun, de pouvoir vivre avec...
Si vous ne l'avez fait, allez à la Galerie Filles du Calvaire et au BAL... Et puis sans doute en Arles où bientôt un workshop d'Agata...
Si vous ne l'avez fait, allez à la Galerie Filles du Calvaire et au BAL... Et puis sans doute en Arles où bientôt un workshop d'Agata...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire