mardi 3 avril 2012

Numériser l'indicible

Ce dimanche 1 avril 2012, Ecran Village, l'Université du Temps Libre et le Comité pour la Paix Tain-Tournon présentaient au Centre Culturel de Lamastre le documentaire de Jacques Panijel, réalisé en 1961 et interdit jusqu'en 1973,  "Octobre à Paris".  

Octobre à Paris   
Un documentaire qui revient sur "les évènements" du 17 octobre 1961 où une manifestation pacifique de 30000 algériens vivant en France, venus en famille manifester contre une mesure discriminatoire, fut sauvagement réprimée notamment par le sang et la noyade dans la Seine...

J'habitais non loin de là.
Chape de silence, rectangles blancs de censure dans la presse, signature de pétitions pour Djamila Boupacha...

Silence sur un crime d'Etat qui n'a pas fini de distiller un venin qui empoisonne toujours les sociétés algérienne et française. 





- Avant le film, dans l'après-midi,  « Ma guerre d’Algérie » une intervention théâtrale dense, complexe et formatrice de Bernard Gerland, "Une mémoire qui se livre", "Le cheminement d'une conscience", suivie d’un vaste débat  où se mêlent vécus et/ou non-dits familiaux, expériences militantes et préoccupations pédagogiques et démocratiques.  Une façon de poser le cadre -évènements et vécu - perçu- avant de recevoir le film des "évènements".
Coup de bêche dans le terreau d'une histoire qu'éclaire la préface du film. Une préface à visionner...



22 ans après la mise en camp des républicains espagnols  -l'accueil de la Retirada...
Lire et voir "Les poupées de Rivesaltes" de Pey et Jorda... Les coulures de Miro.
1961, le franquisme toujours... Et la guerre d'Algérie.
Un nécessaire retour sur l'histoire, comme celle, ici, des résistances, de celles pour la liberté de conscience,  de la cache des familles juives, ou, ailleurs, de celles dont témoignent au VietNam ces zones d'exclusion où défoliants et mines sévissent toujours...

Témoigner est faire oeuvre d'Education Populaire comme l'indique la documentation.





Bernard Gerland se dépense sans compter, avec courage... Et une très grande maîtrise. Mais le temps passe.

Pérenniser cette oeuvre, l'"augmenter" par une grande création numérique -création artistique" faisant connaître et faisant réfléchir.


Entre "Rue de la révolution"(1) et "Ground" (2), ce triptyque numérique de Kurokawa sur les conflits du Moyen Orient qui, irrépressiblement, nous renvoie à Guernica...

Une proposition qui a été faite à l'issue du  témoignage/performance de Bernard Gerland...


Un projet à monter où loin de se cantonner à l'utilitarisme  ou au décoratif, les arts numériques avec leur dimension performative, sont moyens d'investigation, de connaissance et création de sens, passeurs d'inédit à faire advenir. 


Jacqueline Cimaz



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1  cf  "Arts Numériques",   Rencontres professionnelles de Bourgoin-Jallieu organisées par la Région Rhône-Alpes. 






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